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Terre-Ville

L'Histoire

Ce sont des quartiers résidentiels bordés d’autoroutes, ce sont des zones commerciales toute proches, ce sont ces maisons mitoyennes à travers les murs desquels on capte des bribes de quotidiens dont on ne se préoccupe pas car il est de bon ton de se mêler de ses affaires.

Terre-Ville, ce sont ces mères célibataires qui y élèvent seules leurs enfants au long de journées sans fin, des situations tellement banales et silencieuses qu’on finit par les trouver « normales ».

 

Devenir mère, c’est changer son rapport au monde mais également le rapport que le monde a avec nous. C’est d’autant plus prégnant lorsque le statut de mère se double avec celui de « célibataire », dit aussi « maman solo » ou « mère isolée ». Jusqu’à connaître, dans les cas le plus extrême, l’ostracisation la plus complète et malheureusement, la plus ordinaire qui soit.

 

Se basant sur ce que l’on pourrait appeler une « génération de mères isolées », tel qu’il a été le cas dans ma propre famille, le projet Terre-Ville suivra les destins d’une lignée de femmes qui ont tour à tour élevé leurs enfants seules. Loin des clichés que l’on colle souvent à ces femmes — « cassos », « précaires », « abonnées aux allocs » ; ou à l’inverse « superwoman », « warrior », etc. — ces situations prendront racine dans ces zones pavillonnaire où il est de bon ton de se « mêler de ses affaires ».

Texte et mise en scène : Maud Galet Lalande.

Collaboration à l’écriture : Lou Dussaut.

 

Avec : Lou Dussaut, Gaëlle Héraut et Maud Galet Lalande.

 

Dramaturgie : Christian Giriat, dans le cadre de la résidence de l'autrice à La Chartreuse CNED ; collectif Le Gueuloir.

 

Assistanat : Sébastien Rocheron

Création sonore et musicale : Mélanie Gerber

Scénographie : Nicolas Helle
Lumière : Vincent Urbani

Regard chorégraphique : Amélie Patard

 

Administration : Isabelle Sornette

Diffusion : Judith Wattez.

 

Coproduction et soutiens :

Scène conventionnée Espace Bernard-Marie Koltès (Metz), Le Quai des arts (Argentan), L'Espace 110 - Illzach, La Passerelle (Rixheim), Théâtre de la Madeleine (Troyes), Les TAPS - Strasbourg, Quintessence, La Chartreuse - Villeneuve lez Avignon, La Kulturfabrik - Esch sur Alzette (Luxembourg), Région Grand Est…

Coproductions et soutiens en cours.

CRÉATION 2026

EXTRAITS

Les bords d’autoroute.

Les enseignes au néons des zones commerciales qui bordent les villes tristes.

Les quartiers résidentiels et les réverbères allumés la nuit.

 

Toute la nuit.

 

 

À l’intérieur des maisons au crépis pâle, sous les toits de tuiles, alors que les téléviseurs s’allument, les vies immobiles ferment les volets sur le jour qui disparaît peu à peu.

 

Les jardins grillagés font silence. Quelques insectes rescapés interrompent leur vol pour se poser pour la nuit.

Un chat longe le muret et s’engouffre dans le trou de clôture qu’on a oublié de réparer. Il ne faudrait pas que quelqu’un s’y engouffre et pénètre dans le jardin pour voler les outils laissés dans l’établi.
On le fera demain, si la fatigue nous laisse un peu de répit.

 

 

Lorsque les enfants sont couchés, les mères repoussent encore un peu la nuit et pleurent en silence.

 

 

Les mères pleurent en silence.

 

 

La maison trop grande regorge de coins sombres qui deviennent des gouffres lorsque la nuit est tombée.

 

 

Et les assiettes trempent dans l’eau sale.

 

Des abandons de miettes gisent sur le tapis.

Les restes du repas jonchent la table basse du salon, face au téléviseur éteint. On y a dîné ce soir avec l’enfant pour éviter de parler.

 

Lorsque l’on a entendu parler des violences policières, on a dit :

— Tu veux des pommes de terre ?

 

Lorsqu’on le présentateur a annoncé que les expulsions par avion des personnes déboutées du droit d’asile (il a dit « migrants clandestins ») coûtaient cher aux citoyens (il a dit « consommateurs »), on a lancé :

— Ne t’essuie pas les doigts sur le canapé.

 

Quand le chiffre « 37 » a été prononcé à propos du nombre de féminicides qui ont eu lieu depuis le 1e janvier dernier, on a gueulé sur la petite qui trie ses légumes et les laisse sur le bord de son assiette.

 

On l’a serrée fort avant d’éteindre la lumière de sa chambre.

[...]

La mère (après un sursaut) — Tu m’as fait peur.

Tu t’es lavé les dents ?

 

Oui, oui, ça va.

 

Non

je pleure pas.

Si.

Ça va.

 

Pour rien. T’inquiète pas.

 

Va te coucher. J’arrive.

 

Tout va bien, je te dis.

 

(Un temps)

 

Je… Je me sens un peu seule, c’est tout.

 

(Un temps)

 

Oui. Oui, je sais que tu es là, toi.

… Mais c’est pas pareil.

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