Mon Amour est mort
CRÉATION 26 JANVIER 2018
Une lettre envoyée par un homme à la femme qu’il aime dans laquelle il lui explique les raisons qui le poussent à se séparer d’elle. De prime abord, une situation classique de rupture amoureuse qui serait banale si la lettre n’était pas devenue testament.
Quelques temps après, elle apprend qu’il s’est immolé par le feu dans la cours d’un lycée.
Face à la perte de sens et de repères que ressentent de plus en plus les jeunes occidentaux, et qui les conduisent parfois à commettre l’irréparable au nom d’une foi factice ou d’un but éphémère, ce spectacle suivra la quête d’une jeune femme qui cherche à comprendre pourquoi l’homme qu’elle aime s’est donné la mort de la façon la plus brutale et symbolique qui soit, par le feu, alors que le reste de son monde crie à l’attentat, poussé par une société dans laquelle règne désormais la peur.
Ce spectacle coup de poing, particulièrement adapté aux adolescents et aux jeunes adultes, questionnera le spectateur sur sa propre quête et l’interrogera sur la nécessité de l’engagement, et l’urgence de trouver son propre sens dans un monde qui semble en manquer cruellement, sans se laisser embarquer dans une foi qui n’est pas la sienne.
Créé à partir d’un concept scénique et numérique (projection de mapping vidéo sur structure en 3D), ce dispositif immergera l’acteur dans un all over d’images et de sons, reflets de la sur-abondance de virtuel dans nos sociétés, accentuant sa perte de repères et son impuissance face à l’irréparable.
Malgré la dureté de ses thématiques, Mon Amour est mort emmènera le spectateur, à travers le parcours du personnage principal, dans une véritable quête initiatique.
Texte et mise en scène : Maud Galet-Lalande
Lumière / Scénographie / vidéo : Nicolas Helle
Musique : Mélanie Gerber
Distribution : Maud Galet Lalande
Production : Cie Les Heures Paniques
Coproductions : Espace Grün - Cernay
Partenaires : Conseil département de la Moselle - Ville de Metz
"Il s'était embrasé. Son corps avait été dévoré par les flammes ; sa peau si souvent caressée, ses muscles tendus sous ses mains, ses os qui soutenait son corps tellement aimé, désiré, serré. Tout en lui avait pris feu."
"Mon Amour,
La vie est brève.
Trouve ton sens.
Pas celui qu’on t’imposera par les médias corrompus, les pages glacées des magazines pour femmes ou les cabinets feutrés des psychiatres, mais le tien.
Le sens vers lequel tu veux que ton vent souffle.
Tu es une brise, tu peux devenir Sirrocco, Blizzard ou Zéphyr selon comment tu voudras brûler, glacer, tout emporter avec toi.
Les petites brises éteignent les bougies mais les grands vents attisent les flammes.
Ce n’est pas de moi.
Mais c’est tellement vrai.
Alors souffle mon amour, souffle fort.
Moi je vais souffler avec la rage de celui qui a tout à gagner, parce qu’il n’a plus rien à perdre. »
[...]
Elle : "C’est par la télévision que j’ai appris sa mort. Il s’était embrasé. Son corps avait été dévoré par les flammes ; sa peau si souvent caressée, ses muscles tendus sous mes mains, ses os qui soutenait son corps tellement aimé, désiré, serré. Tout en lui avait pris feu, la peau calcinée, les muscles fondus, les os en cendre. Mon amour avait flambé par son unique volonté. Par son geste, à lui, par celui de personne d’autre, il avait provoqué sa propre fin. L’essence avait trempé ses cheveux, son visage, ses épaules, le tissus de ses vêtements. L’étincelle du briquet, en une seconde à peine, avait lancé une autoroute de flammes sur mon amour qui avait dû mourir en quelques secondes ; mais quelques secondes d’une souffrance incommensurable, indescriptible, inimaginable. Mon amour avait souffert au delà de tout, et je n’avais même pas été là pour le sauver, pour étouffer l’incendie avec mon corps au risque peut-être d’en mourir moi-même, mais peu importe, puisqu’au risque de le garder en vie également".
[...]
"Alors je me suis mise à hurler et j’ai jeté ma chaise contre le mur. Ça m’a valu huit heures supplémentaires de garde à vue mais on a fini par me relâcher au petit matin, estimant que ce que je venais de traverser expliquait la violence de mon geste et en atténuait donc la gravité.
Olivier était un terroriste.
On en avait la preuve. Ou plutôt les preuves puisqu’une série d’évidences avait été exhumée et qu’il semblait ne plus y avoir de doute possible.
Mon Amour avait voulu sacrifier des innocents au nom d’une cause dont il paraissait pourtant ignorer les fondamentaux il y a quelques semaines encore.
Je ne pouvais le croire.
Parce que mon amour. Je te connais.
Comme mes doigts se souviennent encore par coeur du tracé de tes lignes, de tes creux, de tes volumes, de tes vides et de tes pleins, ma mémoire et mon coeur savent qui tu es. Je connais tes peurs, tes joies, ce qui te remplit et ce qui t’attriste, ce qui t’élève et ce qui t’est fardeau.
Tu ne peux avoir commis cet acte dans l’attention de nuire.
Pas toi.
Réponds-moi mon amour.
… Pas toi, n’est-ce pas ?"
[...]
Elle : "Pensez-vous qu’Olivier ait-pu commettre un attentat ?
Omar : Vous le pensez, vous ?
Elle : Non.
Omar : Alors pourquoi vous me posez la question ?
Elle : Parce que j’ai besoin de le prouver.
Omar : Je ne le connaissais que peu, mais j’ai vu en lui un homme bon ; blessé, peut-être même écartelé, c’est vrai, mais en quête de quelque chose de meilleur. Avec beaucoup d’humanité au coeur.
Elle : Merci.
Omar : De quoi ?
Elle : De croire en lui".
[...]
Elle : "Comment n’ai-je pas pu voir qu’il avait tant changé…
Marwan : « Si l’on vient vous dire qu’une montagne a changé de place, libre à vous de le croire. Mais si l’on vous dit qu’un homme a changé de caractère, n’en croyez rien. »
Elle : Que voulez-vous dire ?
Marwan : Que la quête de votre ami a sans doute démarré bien plus tôt que vous ne l’imaginez.
Elle : Mais pourquoi m’avoir caché toutes ces choses, alors…
Marwan : « Celui qui cache son secret est maître de sa route. » Cette quête qu’il menait était à lui, et à lui seul.
Elle : Mais j’aurais pu l’aider…
Marwan : « Les hommes sont des caisses fermées dont la clé est l’épreuve. »
… Il vous a sans doute épargné bien des malheurs en gardant pour lui ses secrets. Il les a tus par amour pour vous.
Elle : Par amour pour moi ? Tout ces masques, tout ces mensonges… et… ce geste… si… épouvantable…
Marwan : « Si Dieu ne pardonnait pas, son paradis resterait vide. »
… Une nouvelle quête vient de démarrer, Camille.
Elle : Laquelle ?
Marwan : La vôtre".
[...]
Elle : "Quoi ?
Nadji : S’immoler par le feu, c’est pas un acte terroriste.
Elle : Oui, j’ai compris, mais pourquoi vous dites ça ?
Nadji : À Annaba, depuis le geste de ce jeune en Tunisie/
Elle : Mohamed Bouazizi ?
Nadji : Ouais. Depuis ce geste, y’a eu des dizaines d’immolations par le feu.
Elle : Ah bon ?!
Nadji : Ouais. Mais c’était pas des terroristes. Juste des pauvres gars délogés ou au chômage ou les deux à la fois, qui ont choisi d’en finir une bonne fois pour toute en envoyant un geste fort au gouvernement. Qui s’en fout complètement, d’ailleurs. Y’a quelques années, y’a même un groupe de mecs qui voulaient gagner les côtes espagnoles sur un radeau ; il se sont fait attraper par les gardes-côtes alors qu’ils étaient partis depuis quelques minutes à peine. Et bah ils ont aspergé leur barque d’essence, et eux avec. Hop ! Tous flambés, les mecs ! Plutôt crever que de rester ici. Et en profiter en passant pour dire à l’État qu’ici, on crève sans avoir besoin de se foutre le feu. Même si l’État s’en fout.
Elle : Je… Je ne savais pas tout ça.
Mais pourquoi commettre un acte d’une telle violence envers soi-même alors que vous me dites que l’État ne tient même pas compte de ces revendication extrêmes ?
Nadji : J’ai dit que l’État s’en fout. J’ai pas dit que le peuple s’en fout".
L'Histoire
EXTRAITS
CRÉATION 26 JANVIER 2018
Une lettre envoyée par un homme à la femme qu’il aime dans laquelle il lui explique les raisons qui le poussent à se séparer d’elle. De prime abord, une situation classique de rupture amoureuse qui serait banale si la lettre n’était pas devenue testament.
Quelques temps après, elle apprend qu’il s’est immolé par le feu dans la cours d’un lycée.
Face à la perte de sens et de repères que ressentent de plus en plus les jeunes occidentaux, et qui les conduisent parfois à commettre l’irréparable au nom d’une foi factice ou d’un but éphémère, ce spectacle suivra la quête d’une jeune femme qui cherche à comprendre pourquoi l’homme qu’elle aime s’est donné la mort de la façon la plus brutale et symbolique qui soit, par le feu, alors que le reste de son monde crie à l’attentat, poussé par une société dans laquelle règne désormais la peur.
Ce spectacle coup de poing, particulièrement adapté aux adolescents et aux jeunes adultes, questionnera le spectateur sur sa propre quête et l’interrogera sur la nécessité de l’engagement, et l’urgence de trouver son propre sens dans un monde qui semble en manquer cruellement, sans se laisser embarquer dans une foi qui n’est pas la sienne.
Créé à partir d’un concept scénique et numérique (projection de mapping vidéo sur structure en 3D), ce dispositif immergera l’acteur dans un all over d’images et de sons, reflets de la sur-abondance de virtuel dans nos sociétés, accentuant sa perte de repères et son impuissance face à l’irréparable.
Malgré la dureté de ses thématiques, Mon Amour est mort emmènera le spectateur, à travers le parcours du personnage principal, dans une véritable quête initiatique.
Texte et mise en scène : Maud Galet-Lalande
Lumière / Scénographie / vidéo : Nicolas Helle
Musique : Mélanie Gerber
Distribution : Maud Galet Lalande
Production : Cie Les Heures Paniques
Coproductions : Espace Grün - Cernay
Partenaires : Conseil département de la Moselle - Ville de Metz
"Il s'était embrasé. Son corps avait été dévoré par les flammes ; sa peau si souvent caressée, ses muscles tendus sous ses mains, ses os qui soutenait son corps tellement aimé, désiré, serré. Tout en lui avait pris feu."
"Mon Amour,
La vie est brève.
Trouve ton sens.
Pas celui qu’on t’imposera par les médias corrompus, les pages glacées des magazines pour femmes ou les cabinets feutrés des psychiatres, mais le tien.
Le sens vers lequel tu veux que ton vent souffle.
Tu es une brise, tu peux devenir Sirrocco, Blizzard ou Zéphyr selon comment tu voudras brûler, glacer, tout emporter avec toi.
Les petites brises éteignent les bougies mais les grands vents attisent les flammes.
Ce n’est pas de moi.
Mais c’est tellement vrai.
Alors souffle mon amour, souffle fort.
Moi je vais souffler avec la rage de celui qui a tout à gagner, parce qu’il n’a plus rien à perdre. »
[...]
Elle : "C’est par la télévision que j’ai appris sa mort. Il s’était embrasé. Son corps avait été dévoré par les flammes ; sa peau si souvent caressée, ses muscles tendus sous mes mains, ses os qui soutenait son corps tellement aimé, désiré, serré. Tout en lui avait pris feu, la peau calcinée, les muscles fondus, les os en cendre. Mon amour avait flambé par son unique volonté. Par son geste, à lui, par celui de personne d’autre, il avait provoqué sa propre fin. L’essence avait trempé ses cheveux, son visage, ses épaules, le tissus de ses vêtements. L’étincelle du briquet, en une seconde à peine, avait lancé une autoroute de flammes sur mon amour qui avait dû mourir en quelques secondes ; mais quelques secondes d’une souffrance incommensurable, indescriptible, inimaginable. Mon amour avait souffert au delà de tout, et je n’avais même pas été là pour le sauver, pour étouffer l’incendie avec mon corps au risque peut-être d’en mourir moi-même, mais peu importe, puisqu’au risque de le garder en vie également".
[...]
"Alors je me suis mise à hurler et j’ai jeté ma chaise contre le mur. Ça m’a valu huit heures supplémentaires de garde à vue mais on a fini par me relâcher au petit matin, estimant que ce que je venais de traverser expliquait la violence de mon geste et en atténuait donc la gravité.
Olivier était un terroriste.
On en avait la preuve. Ou plutôt les preuves puisqu’une série d’évidences avait été exhumée et qu’il semblait ne plus y avoir de doute possible.
Mon Amour avait voulu sacrifier des innocents au nom d’une cause dont il paraissait pourtant ignorer les fondamentaux il y a quelques semaines encore.
Je ne pouvais le croire.
Parce que mon amour. Je te connais.
Comme mes doigts se souviennent encore par coeur du tracé de tes lignes, de tes creux, de tes volumes, de tes vides et de tes pleins, ma mémoire et mon coeur savent qui tu es. Je connais tes peurs, tes joies, ce qui te remplit et ce qui t’attriste, ce qui t’élève et ce qui t’est fardeau.
Tu ne peux avoir commis cet acte dans l’attention de nuire.
Pas toi.
Réponds-moi mon amour.
… Pas toi, n’est-ce pas ?"
[...]
Elle : "Pensez-vous qu’Olivier ait-pu commettre un attentat ?
Omar : Vous le pensez, vous ?
Elle : Non.
Omar : Alors pourquoi vous me posez la question ?
Elle : Parce que j’ai besoin de le prouver.
Omar : Je ne le connaissais que peu, mais j’ai vu en lui un homme bon ; blessé, peut-être même écartelé, c’est vrai, mais en quête de quelque chose de meilleur. Avec beaucoup d’humanité au coeur.
Elle : Merci.
Omar : De quoi ?
Elle : De croire en lui".
[...]
Elle : "Comment n’ai-je pas pu voir qu’il avait tant changé…
Marwan : « Si l’on vient vous dire qu’une montagne a changé de place, libre à vous de le croire. Mais si l’on vous dit qu’un homme a changé de caractère, n’en croyez rien. »
Elle : Que voulez-vous dire ?
Marwan : Que la quête de votre ami a sans doute démarré bien plus tôt que vous ne l’imaginez.
Elle : Mais pourquoi m’avoir caché toutes ces choses, alors…
Marwan : « Celui qui cache son secret est maître de sa route. » Cette quête qu’il menait était à lui, et à lui seul.
Elle : Mais j’aurais pu l’aider…
Marwan : « Les hommes sont des caisses fermées dont la clé est l’épreuve. »
… Il vous a sans doute épargné bien des malheurs en gardant pour lui ses secrets. Il les a tus par amour pour vous.
Elle : Par amour pour moi ? Tout ces masques, tout ces mensonges… et… ce geste… si… épouvantable…
Marwan : « Si Dieu ne pardonnait pas, son paradis resterait vide. »
… Une nouvelle quête vient de démarrer, Camille.
Elle : Laquelle ?
Marwan : La vôtre".
[...]
Elle : "Quoi ?
Nadji : S’immoler par le feu, c’est pas un acte terroriste.
Elle : Oui, j’ai compris, mais pourquoi vous dites ça ?
Nadji : À Annaba, depuis le geste de ce jeune en Tunisie/
Elle : Mohamed Bouazizi ?
Nadji : Ouais. Depuis ce geste, y’a eu des dizaines d’immolations par le feu.
Elle : Ah bon ?!
Nadji : Ouais. Mais c’était pas des terroristes. Juste des pauvres gars délogés ou au chômage ou les deux à la fois, qui ont choisi d’en finir une bonne fois pour toute en envoyant un geste fort au gouvernement. Qui s’en fout complètement, d’ailleurs. Y’a quelques années, y’a même un groupe de mecs qui voulaient gagner les côtes espagnoles sur un radeau ; il se sont fait attraper par les gardes-côtes alors qu’ils étaient partis depuis quelques minutes à peine. Et bah ils ont aspergé leur barque d’essence, et eux avec. Hop ! Tous flambés, les mecs ! Plutôt crever que de rester ici. Et en profiter en passant pour dire à l’État qu’ici, on crève sans avoir besoin de se foutre le feu. Même si l’État s’en fout.
Elle : Je… Je ne savais pas tout ça.
Mais pourquoi commettre un acte d’une telle violence envers soi-même alors que vous me dites que l’État ne tient même pas compte de ces revendication extrêmes ?
Nadji : J’ai dit que l’État s’en fout. J’ai pas dit que le peuple s’en fout".
L'Histoire
Une lettre envoyée par un homme à la femme qu’il aime dans laquelle il lui explique les raisons qui le poussent à se séparer d’elle. De prime abord, une situation classique de rupture amoureuse qui serait banale si la lettre n’était pas devenue testament.
Quelques temps après, elle apprend qu’il s’est immolé par le feu dans la cours d’un lycée.
Face à la perte de sens et de repères que ressentent de plus en plus les jeunes occidentaux, et qui les conduisent parfois à commettre l’irréparable au nom d’une foi factice ou d’un but éphémère, ce spectacle suivra la quête d’une jeune femme qui cherche à comprendre pourquoi l’homme qu’elle aime s’est donné la mort de la façon la plus brutale et symbolique qui soit, par le feu, alors que le reste de son monde crie à l’attentat, poussé par une société dans laquelle règne désormais la peur.
Ce spectacle coup de poing, particulièrement adapté aux adolescents et aux jeunes adultes, questionnera le spectateur sur sa propre quête et l’interrogera sur la nécessité de l’engagement, et l’urgence de trouver son propre sens dans un monde qui semble en manquer cruellement, sans se laisser embarquer dans une foi qui n’est pas la sienne.
Créé à partir d’un concept scénique et numérique (projection de mapping vidéo sur structure en 3D), ce dispositif immergera l’acteur dans un all over d’images et de sons, reflets de la sur-abondance de virtuel dans nos sociétés, accentuant sa perte de repères et son impuissance face à l’irréparable.
Malgré la dureté de ses thématiques, Mon Amour est mort emmènera le spectateur, à travers le parcours du personnage principal, dans une véritable quête initiatique.
Texte et mise en scène : Maud Galet-Lalande
Lumière / Scénographie / vidéo : Nicolas Helle
Musique : Mélanie Gerber
Distribution : Maud Galet Lalande
Production : Cie Les Heures Paniques
Coproductions : Espace Grün - Cernay
Partenaires : Conseil département de la Moselle - Ville de Metz
"Il s'était embrasé. Son corps avait été dévoré par les flammes ; sa peau si souvent caressée, ses muscles tendus sous ses mains, ses os qui soutenait son corps tellement aimé, désiré, serré. Tout en lui avait pris feu."
"C’était comme un volcan ! Un truc de fou ! Le mec a pris feu en deux secondes ! Juste au milieu de nous, un mec qui flambe comme une saucisse !"
CRÉATION 26 JANVIER 2018
EXTRAITS
"Mon Amour,
La vie est brève.
Trouve ton sens.
Pas celui qu’on t’imposera par les médias corrompus, les pages glacées des magazines pour femmes ou les cabinets feutrés des psychiatres, mais le tien.
Le sens vers lequel tu veux que ton vent souffle.
Tu es une brise, tu peux devenir Sirrocco, Blizzard ou Zéphyr selon comment tu voudras brûler, glacer, tout emporter avec toi.
Les petites brises éteignent les bougies mais les grands vents attisent les flammes.
Ce n’est pas de moi.
Mais c’est tellement vrai.
Alors souffle mon amour, souffle fort.
Moi je vais souffler avec la rage de celui qui a tout à gagner, parce qu’il n’a plus rien à perdre. »
[...]
Elle : "C’est par la télévision que j’ai appris sa mort. Il s’était embrasé. Son corps avait été dévoré par les flammes ; sa peau si souvent caressée, ses muscles tendus sous mes mains, ses os qui soutenait son corps tellement aimé, désiré, serré. Tout en lui avait pris feu, la peau calcinée, les muscles fondus, les os en cendre. Mon amour avait flambé par son unique volonté. Par son geste, à lui, par celui de personne d’autre, il avait provoqué sa propre fin. L’essence avait trempé ses cheveux, son visage, ses épaules, le tissus de ses vêtements. L’étincelle du briquet, en une seconde à peine, avait lancé une autoroute de flammes sur mon amour qui avait dû mourir en quelques secondes ; mais quelques secondes d’une souffrance incommensurable, indescriptible, inimaginable. Mon amour avait souffert au delà de tout, et je n’avais même pas été là pour le sauver, pour étouffer l’incendie avec mon corps au risque peut-être d’en mourir moi-même, mais peu importe, puisqu’au risque de le garder en vie également".
[...]
"Alors je me suis mise à hurler et j’ai jeté ma chaise contre le mur. Ça m’a valu huit heures supplémentaires de garde à vue mais on a fini par me relâcher au petit matin, estimant que ce que je venais de traverser expliquait la violence de mon geste et en atténuait donc la gravité.
Olivier était un terroriste.
On en avait la preuve. Ou plutôt les preuves puisqu’une série d’évidences avait été exhumée et qu’il semblait ne plus y avoir de doute possible.
Mon Amour avait voulu sacrifier des innocents au nom d’une cause dont il paraissait pourtant ignorer les fondamentaux il y a quelques semaines encore.
Je ne pouvais le croire.
Parce que mon amour. Je te connais.
Comme mes doigts se souviennent encore par coeur du tracé de tes lignes, de tes creux, de tes volumes, de tes vides et de tes pleins, ma mémoire et mon coeur savent qui tu es. Je connais tes peurs, tes joies, ce qui te remplit et ce qui t’attriste, ce qui t’élève et ce qui t’est fardeau.
Tu ne peux avoir commis cet acte dans l’attention de nuire.
Pas toi.
Réponds-moi mon amour.
… Pas toi, n’est-ce pas ?"
[...]
Elle : "Pensez-vous qu’Olivier ait-pu commettre un attentat ?
Omar : Vous le pensez, vous ?
Elle : Non.
Omar : Alors pourquoi vous me posez la question ?
Elle : Parce que j’ai besoin de le prouver.
Omar : Je ne le connaissais que peu, mais j’ai vu en lui un homme bon ; blessé, peut-être même écartelé, c’est vrai, mais en quête de quelque chose de meilleur. Avec beaucoup d’humanité au coeur.
Elle : Merci.
Omar : De quoi ?
Elle : De croire en lui".
[...]
Elle : "Comment n’ai-je pas pu voir qu’il avait tant changé…
Marwan : « Si l’on vient vous dire qu’une montagne a changé de place, libre à vous de le croire. Mais si l’on vous dit qu’un homme a changé de caractère, n’en croyez rien. »
Elle : Que voulez-vous dire ?
Marwan : Que la quête de votre ami a sans doute démarré bien plus tôt que vous ne l’imaginez.
Elle : Mais pourquoi m’avoir caché toutes ces choses, alors…
Marwan : « Celui qui cache son secret est maître de sa route. » Cette quête qu’il menait était à lui, et à lui seul.
Elle : Mais j’aurais pu l’aider…
Marwan : « Les hommes sont des caisses fermées dont la clé est l’épreuve. »
… Il vous a sans doute épargné bien des malheurs en gardant pour lui ses secrets. Il les a tus par amour pour vous.
Elle : Par amour pour moi ? Tout ces masques, tout ces mensonges… et… ce geste… si… épouvantable…
Marwan : « Si Dieu ne pardonnait pas, son paradis resterait vide. »
… Une nouvelle quête vient de démarrer, Camille.
Elle : Laquelle ?
Marwan : La vôtre".
[...]
Elle : "Quoi ?
Nadji : S’immoler par le feu, c’est pas un acte terroriste.
Elle : Oui, j’ai compris, mais pourquoi vous dites ça ?
Nadji : À Annaba, depuis le geste de ce jeune en Tunisie/
Elle : Mohamed Bouazizi ?
Nadji : Ouais. Depuis ce geste, y’a eu des dizaines d’immolations par le feu.
Elle : Ah bon ?!
Nadji : Ouais. Mais c’était pas des terroristes. Juste des pauvres gars délogés ou au chômage ou les deux à la fois, qui ont choisi d’en finir une bonne fois pour toute en envoyant un geste fort au gouvernement. Qui s’en fout complètement, d’ailleurs. Y’a quelques années, y’a même un groupe de mecs qui voulaient gagner les côtes espagnoles sur un radeau ; il se sont fait attraper par les gardes-côtes alors qu’ils étaient partis depuis quelques minutes à peine. Et bah ils ont aspergé leur barque d’essence, et eux avec. Hop ! Tous flambés, les mecs ! Plutôt crever que de rester ici. Et en profiter en passant pour dire à l’État qu’ici, on crève sans avoir besoin de se foutre le feu. Même si l’État s’en fout.
Elle : Je… Je ne savais pas tout ça.
Mais pourquoi commettre un acte d’une telle violence envers soi-même alors que vous me dites que l’État ne tient même pas compte de ces revendication extrêmes ?
Nadji : J’ai dit que l’État s’en fout. J’ai pas dit que le peuple s’en fout".