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Pourquoi y'a-t-il Que Dalle... plutôt que Rien ?

L'Histoire

« Je fais quoi quand je ne comprends pas ? Je demande, je questionne, je sollicite, je revendique mon ignorance, j’exige des explications ? Et si je n’ose pas, par peur de passer pour la dernière des incultes devant ceux que je prends pour des érudits ? Pire : et si je ne vois rien ? Je pense à cette citation d’Alberti, qui concerne plus précisément la peinture, mais que l’on peut étendre à l’art en général : c’est une fenêtre « ouverte sur le monde »…
Que faisons-nous si nous n’arrivons même pas à voir au travers ? »


Parce que l’art est une « bien belle chose » - personne ne contestera cela - mais de là à s’y intéresser de près, c’est une autre histoire... C’est cette histoire-là que je veux raconter ; celle d’un art contemporain qui est devenu si obscur et si codé, qu’il s’est éloigné de celui  auquel il s’intéressait autrefois : le public. Car si l’art est partout - non-censuré, propagé, diffusé, ici, ailleurs, sur les écrans, dans les salles de vente, coté en bourse, acheté, revendu, discuté, débattu, encensé...  - faisons qu’on puisse au moins l’aimer ou le détester, mais surtout, qu’on n’y comprenne plus...

... « que dalle».

 

Texte et mise en scène : Maud Galet-Lalande
Scénographie : François Paniel.
Création lumières : Jef Metten.
Musique : Mélanie Ferber,Thierry Reichmut & Hervé Scialdo.

Distribution : Céline Chevalier, Franck Fischer, Joël Helluy.

"Placer un chiotte dans une galerie, ça n’est pas si extraordinaire que ça, il faut bien l’avouer… "

VISUEL

MUSIQUE ORIGINALE

EXTRAITS

Ernest, éminent galerite, prépare un vernissage.
Suzanne entre, avec un carton à dessins sous le bras.


Suzanne : "Bonjour !

Ernest : Non, non, mademoiselle ; je suis en plein montage d’une exposition, s’il vous plaît, je n’ai pas de temps à perdre !

Suzanne : Je ne vous dérangerai pas longtemps, j’aurais juste deux-trois choses à vous montrer... Vous parliez d’exposition, il se trouve justement que je suis moi-même...

Ernest (la coupant) : Et rangez-moi ce carton à dessin, c’est obscène.

Suzanne : Pardonnez-moi, ce sont justement les œuvres que je voulais vous montrer, et elles n’ont rien d’obscènes ! (Elle sort ses tableaux) Au contraire, j’essaie de montrer le Beau dans mon travail, et...

Ernest : Le « Beau »... Nous passons de l’obscénité à la grossièreté.


Il s’éloigne.


Suzanne : Je vous demande cinq minutes, pas plus !

Ernest : Bien, puis-je oser croire que si je vous honore de mon érudition tout de suite, vous partirez ensuite et me laisserez ainsi travailler ?
 

Suzanne : Oui.

Ernest : Alors, allons-y, révélez moi vos plus grands secrets sur la peinture d’après motif et l’exécution du bouquet de fleur...

 

[...]

 

Suzanne (reprenant consistance) : En tout cas, j’essaie juste de faire des choses qui me parlent, et qui parlent aux autres et...
 

Ernest : Ecoutez, ne vous vexez pas, mais vos toiles me parlent autant qu’un film avec Pierre Richard comme acteur principal…
 

Suzanne : Vous êtes méprisant. Moi, Pierre Richard me fait rire.
 

Ernest : Ce qui vous fait rire, c’est le figuratif, l’illustratif. Le vulgaire et l’évident.
 

Suzanne : Non. Ce qui me plaît, c’est la générosité. Qu’un artiste, contemporain ou non, me donne des clés pour comprendre son parti-pris et sa vision du monde.
 

Ernest : Du monde ! Mais quelle emphase ! Voilà un grand projet, dites-moi : donner sa vision du MONDE au MONDE. Et quelle est votre vision du monde… mademoiselle ?

Suzanne : Je trouve qu’il y règne une grande incompréhension entre les êtres… Pour replacer ça dans le contexte de l’art, je dirais que l’incompréhension se situe de plus en plus entre les artistes et le public, alors qu’au fond, il suffit parfois de peu pour faire une grande œuvre… Du savoir-faire, de l’imagination et des idées, quelques médiums et, surtout, comme je vous l’ai dit, beaucoup de générosité…
 

Ernest : … ainsi que quelques dizaines de milliers d’euros de subventions, mademoiselle. Au minimum.
 

Suzanne : Ça ne devrait pas être comme ça. Mes toiles m’en ont coûté à peine quelques dizaines.
 

Ernest : Et bien moi, je ne vous en donnerais pas la moitié. (Consultant sa montre) : Bien. Les cinq minutes sont bientôt écoulées, abrégeons-donc cette conversation des plus passionnantes et centrons-nous sur l’essentiel : qu’est-ce que vous voulez ?

 

Suzanne : Je voudrais... je voudrais exposer dans votre galerie.

 

 

Ernest éclate de rire.

 

 

Ernest : Ah-Ah-Ah ! (Il se ressaisit soudain :) Dehors. "

PHOTOS

VIDÉO

Reportage France 3 Lorraine

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